Les couverts végétaux présentent de nombreux avantages tant agronomiques (amélioration de la structure du sol, rétention des éléments minéraux, meilleure circulation de l’eau et de l’air dans le sol,…) qu’écologiques (protection du sol, amélioration de l’infiltration de l’eau, stockage de carbone,…). Leur mise en place augmente le rendement photosynthétique de la parcelle et améliore sensiblement la fertilité du sol. Dans le cas d’une culture de maïs, quel couvert végétal choisir ? Comment sélectionner les espèces végétales et définir leur dose respective ? Comment réussir le semis ? Quelles sont les techniques les plus appropriées en fonction de la composition déterminée ? Comment gérer le couvert végétal une fois en place ? Comment le détruire efficacement pour assurer une transition de qualité vers la culture de maïs suivante ? Autant de questions auxquelles cet article apporte une réponse.
I. COMPOSER SON COUVERT VÉGÉTAL
A. Étape 1 : Identifier les objectifs recherchés
La première étape de la mise en place d’un couvert végétal repose sur la définition des objectifs agronomiques et écologiques recherchés. De leur qualification dépend le choix des espèces végétales et leur dose respective. Voici quelques exemples d’objectifs :
1. Répondre à la réglementation,
2. Limiter la pression sanitaire,
3. Retenir les éléments minéraux dans les horizons supérieurs du sol,
4. Baisser la pression en adventices sur la parcelle,
5. Accroître le taux de matière organique du sol,
6. Améliorer la biodiversité de la parcelle,
7. Limiter le phénomène d’érosion du sol,
8. Augmenter les restitutions azotées pour la culture de maïs suivante,
9. Améliorer la structure du sol.
Notre meilleur conseil : ayez de l’ambition dans la pratique des couverts végétaux, vos résultats agronomiques s’amélioreront rapidement ! 😃
B. Étape 2 : Sélectionner les espèces compatibles avec la culture de maïs
La deuxième étape consiste à identifier les espèces les plus en synergie avec la culture de maïs.
Comme le montre l’infographie ci-contre, les espèces à privilégier sont, sans surprise, les légumineuses (à quelques exceptions près) : féveroles, vesces, trèfles, pois, gesse, fenugrec,... Une fois restituées au sol, cette famille d’espèces a l’avantage de fournir, sur la deuxième partie de cycle, des ressources en azote essentielles pour la croissance du maïs.
La phacélie complète le tableau : cette espèce « passe-partout » pourra être facilement incluse dans un couvert végétal mis en place assez précocement fin Août. Dans le cas d’une interculture très longue, la phacélie pourra être semée aussi dans un couvert d’été, juste après la récolte d’une culture d’hiver.
Pour obtenir une bonne efficacité agronomique, il est judicieux que ces espèces constituent au moins 75 à 80% du nombre de graines total du couvert végétal.
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D’autres espèces sont bien sûr possibles comme le montre l’image suivante. Il est toutefois conseillé de leur donner une importance secondaire dans la mesure où elles peuvent être plus délicates à gérer :
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Le colza, la moutarde, la navette fourragère et les radis ont souvent une croissance assez rapide et développent beaucoup de biomasse. Par contre, ils peuvent avoir un effet dépressif sur la culture de maïs s’ils ne sont pas détruits suffisamment tôt (stade floraison au plus tard),
Les céréales « piochent » dans le même garde-manger que le maïs. En plus, leur dégradation par le sol peut engendrer un phénomène de faim d’azote,
Le lotier, la luzerne, le sainfoin et le trèfle blanc sont des espèces pluriannuelles, moyennement compatibles avec la culture de maïs compte tenu des risques de concurrence vis à vis de la ressource en eau,
Enfin, côté « autres espèces », le tournesol, le nyger sont plus adaptés pour des couverts semés début d’été. Le sarrasin présente un risque de relevée dans le maïs suivant, en cas de repiquage ou de montée à graine.
Au rayon des espèces à éviter, figure seulement le ray-grass italien, dont les risques d'assèchement du sol et de persistance dans le maïs sont réels.
C. Étape 3 : Tenir compte des cultures de la rotation
La troisième étape consiste à tenir compte des cultures présentes dans la rotation pour maintenir le risque sanitaire à un niveau bas. Si des légumineuses figurent dans la rotation, il est judicieux d’éviter de choisir des espèces végétales sensibles à l’aphanomyces telles que la lentille, la luzerne, la gesse, les pois, les vesces ou les trèfles sensibles. Également, si des cultures telles que le colza (ou autre crucifère) reviennent régulièrement, il est préférable de réduire leur présence dans le couvert végétal. Dans tous les cas, l’importance de ces espèces végétales doit être limitée à 10 ou 15% du nombre total de graines.
Voici la situation globale pour les espèces à privilégier dans le couvert végétal.
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Et maintenant, voilà le panorama complet pour les autres espèces possibles pour le couvert.
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D. Étape 4 : Affiner la sélection des espèces végétales au regard de plusieurs caractéristiques
La quatrième étape consiste à affiner la sélection des espèces végétales identifiées en tenant compte de plusieurs autres caractéristiques de telle sorte à faire correspondre le couvert végétal au cadre de fonctionnement de l’exploitation (climat, sol, pratiques culturales). Voici ces facteurs secondaires.
1. Espèces végétales et conditions climatiques
Chaque espèce a sa période de développement privilégiée. L’image montre la répartition des espèces en fonction de l’humidité idéale du sol et de la température optimale favorables à leur croissance.
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Sans surprise, les espèces végétales hivernales et celles estivales apparaissent assez clairement de part et d’autre du graphique.
2. Espèces végétales et type d'interculture
Les infographies ci-après montrent l’adéquation entre les espèces végétales et les configurations d’interculture.
Voici comment se distribuent les espèces à privilégier.
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Voilà la situation pour toutes les autres espèces possibles.
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Pour un couvert végétal avant maïs, deux configurations de semis sont possibles :
a. Cas d’une interculture très longue (maïs précédé d’une culture d’hiver) :
Il est d’abord possible de mettre en place un couvert végétal d’été, juste après la récolte de la culture d’hiver, articulé autour des espèces adaptées pour les intercultures courtes.
À la mi-Septembre, ce couvert pourra être suivi d’un second, à spécificité hivernale.
b. Cas d’une interculture longue (maïs précédé d’une culture d’été) :
Dans ce cas, le couvert sera composé d’espèces végétales adaptées pour les intercultures longues. Dans la partie Nord de la France, le semis pourra être effectué entre le 15 Août et le 15 Septembre, en fonction des conditions d’humidité. Dans la partie Sud, la période la plus adéquate se situe entre la mi-Septembre et le 15 Octobre au plus tard.
3. Espèces végétales et période de semis préférentielle
Les images ci-après montrent les différentes périodes de semis optimales pour chaque espèce végétale : pour chacune, cette plage de date est étendue pour préciser les possibilités de semis dans la région Sud de la Métropole.
Voici les périodes de semis adéquates pour les espèces à privilégier.
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Pour les espèces possibles, les plages idéales sont les suivantes.
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Retenez la règle suivante :
« Pour un couvert végétal avant maïs, semez avant le 15 septembre dans la partie nord de la France, et avant le 15 octobre dans la partie sud. »
4. Espèces végétales et vitesse de développement
Les vitesses de développement des espèces végétales diffèrent de l'une à l'autre.
Les infographies suivantes établissent un classement assez clair entre elles.
Voici ce qu’il en est pour les espèces à privilégier.
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Pour les autres espèces possibles, le panorama est le suivant.
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Choisir des espèces à développement rapide permet une bonne couverture initiale du sol. Les espèces à croissance plus lente auront l’avantage de produire une biomasse plus importante en seconde partie de cycle. Combiner toutes les vitesses de développement est une pratique judicieuse pour garantir une longévité du couvert végétal sur plusieurs mois avant la culture de maïs.
5. Espèces végétales et système de développement
Les espèces végétales se différencient par la profondeur de pénétration de leur système racinaire et par la hauteur de développement de leur appareil aérien. Au niveau inférieur, les racines peuvent coloniser l’étage superficiel (premiers centimètres du sol), descendre profondément ou rester à un niveau intermédiaire. Pour l’étage aérien, le port de feuille peut occuper une strate haute, intermédiaire ou basse.
Les infographies ci-après montrent comment chaque espèce colonise chaque étage.
Voyons d’abord comment les espèces à privilégier colonisent les milieux.
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Passons maintenant autour des autres espèces possibles dans le couvert végétal.
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Pour une meilleure efficacité agronomique, il est préférable d'associer des espèces aux morphologies de développement complémentaires afin de coloniser toutes les strates du sol et du milieu aérien.
6. Espèces végétales et résistance au gel
Les capacités d’adaptation au gel diffèrent d’une espèce à l’autre, notamment en fonction de leur plage de semis préférentielle.
En agriculture biologique, l’utilisation d’espèces gélives peut être judicieuse pour obtenir une destruction dans le courant de l’hiver. Il faudra alors veiller à contrôler le développement ultérieur d’adventices jusqu’au semis du maïs
Les images suivantes dressent un panorama de la situation pour chaque espèce végétale. Les amplitudes de température s'expliquent soit par des différences entre variétés, soit par des variabilités entre les sources de données.
Voici ce qu’il en est pour les espèces à privilégier.
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Pour les autres espèces possibles, le panorama est le suivant.
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E. Étape 5 : Arrêter le choix des espèces et leur dose respective
La cinquième étape consiste à retenir définitivement les espèces identifiées et à définir leur dose respective.
1. Cas d’un couvert végétal uniespèce
Dans le cas d’un semis de couvert uniespèce, il est recommandé de semer à une dose pleine afin d’obtenir de bons résultats agronomiques. Les infographies suivantes présentent les doses recommandées pour chaque espèce à privilégier ou possibles. À noter que, pour chacune, la valeur mentionnée peut être différente d’une variété l’autre, il est alors souhaitable de prendre contact auprès du fournisseur pour plus de précisions.
Voici les doses recommandées pour chaque espèce à privilégier.
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Et maintenant, voilà celles des espèces possibles.
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2. Cas d’un couvert végétal multiespèce
Pour définir la dose de chaque espèce, la démarche est simple :
1. Tenir compte de la dose pleine pour chaque espèce,
2. Diviser chaque dose pleine par le nombre d’espèces végétales composant le couvert. Ce calcul permet de déterminer la "dose conseillée".
3. Pondérer, à la hausse ou à la baisse, le résultat obtenu pour chaque espèce afin de donner « une connotation » spécifique au couvert végétal en fonction des objectifs déterminés en amont. Vous obtenez ainsi la "dose ajustée".
Pour une couverture optimale du sol, semer au moins entre 250 et 350 graines/m2.
À titre d’illustration, prenons l’exemple suivant :
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La dose pleine de chaque espèce végétale est divisée par leur nombre total dans le couvert (7) : ce calcul permet d’obtenir la « dose conseillée ».
Ensuite, chaque dose conseillée est conservée en l’état ou pondérée à la hausse ou à la baisse en fonction de la connotation voulue pour le couvert végétal :
a. Dans cet exemple, l'exploitant a choisi d’augmenter plus ou moins la présence des légumineuses afin d’obtenir des restitutions azotées importantes pour la culture de maïs suivante. Un accent particulier a été mis sur les féveroles pour avoir un effet de biomasse supplémentaire,
b. Les radis sont maintenus à leur dose conseillée, pour leur capacité à engendrer de la matière végétale,
c. Le seigle est inséré dans le couvert pour bénéficier de son effet racinaire (fasciculé), intéressant pour la structure du sol. Sa dose est corrigée à la baisse pour éviter toute compétition avec le maïs dans son début de cycle.
F. Les raisons de privilégier un couvert végétal diversifié
La mise en place d’un couvert végétal diversifié réunit plusieurs avantages :
1. Combiner les spécificités de chaque espèce végétal
Le semis d’un couvert multiespèce est une manière agronomique d’associer les spécificités physiologiques et morphologiques de chaque espèce. Cette pratique rend possible la construction des couverts capables d’explorer les différentes strates du milieu aérien et souterrain.
Autre point intéressant : l’association de différentes morphologies de système racinaire est adéquate pour améliorer la structure du sol de façon complémentaire. Enfin, les affinités différentes des espèces vis à vis des éléments nutritifs du sol améliorent leur fixation.
2. Mieux s’adapter aux saisons
Par exemple, l’utilisation de espèces « estivales » dans des couverts hivernaux permet de bénéficier de leur capacité à produire de la biomasse dans les premières semaines après le semis du couvert, avant de « laisser la place » aux espèces hivernales.
3. Mieux gérer les compatibilités d’assolement
Associer plusieurs espèces permet d’éviter de sur-représenter celles éventuellement présentes dans la rotation et de mieux gérer les risques sanitaires, tout en bénéficiant de la spécificité de chacune.
4. Mieux gérer le risque climatique
L’association de plusieurs types d’espèce offre plus de garanties pour pérenniser le couvert sur la durée souhaitée, notamment dans le cas de conditions climatiques difficiles : il est en effet très rare de voir disparaître toutes les espèces initialement présentes.
5. Mieux gérer l’hétérogénéité du sol de la parcelle
Le sol d’une parcelle est très souvent hétérogène d’un endroit à l’autre. Ainsi la combinaison de plusieurs espèces est une façon judicieuse de s’adapter à la variabilité parcellaire afin de garantir un taux de couverture optimal
Sur plusieurs années, la mise en place de couverts végétaux diversifiés permet peu à peu d’homogénéiser les paramètres du sol.
6. Mieux gérer le temps d’interculture
Dans le cas d’une interculture longue, l’association de plusieurs espèces aux vigueurs différentes permet de garantir une présence efficace du couvert végétal sur la durée souhaitée. Les plus vigoureuses permettront une colonisation rapide de l’espace en début de cycle. Les autres prendront le relais dans un second temps pour poursuivre le développement de biomasse.
II. BIEN SEMER LES COUVERTS VÉGÉTAUX
A. Points de vigilance à prendre en compte pour le semis du couvert végétal
Plusieurs points de vigilance sont à prendre en compte pour réaliser le semis du couvert végétal efficace. Les voici.
1. Les conditions climatiques
Pour garantir une bonne réussite de levée du couvert, deux paramètres importants sont à prendre en compte : la température ambiante et l’humidité du sol. En période estivale, il est souhaitable de semer si possible avant une pluie. À l’automne, il est judicieux d’implanter son couvert végétal au plus tard avant la mi-octobre (mi-septembre dans la partie nord de la France) afin de bénéficier de degrés de chaleur suffisants pour garantir un bon développement initial du couvert végétal.
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2. La disponibilité des éléments minéraux dans le sol
Pour assurer leur développement, les espèces composant le couvert végétal utilisent les reliquats minéraux laissés par la culture précédente. Sous réserve de respecter la réglementation (notamment en zone vulnérable), un apport d’éléments fertilisants peut être réalisé pour accompagner les premiers stades de la croissance.
3. La gestion des pailles
Dans le cas d’une interculture très longue (culture d’hiver-maïs) sans mise en place d’un couvert estival, il est judicieux de laisser les pailles hautes pour limiter l’évapotranspiration. Par contre, au moment du semis, il est primordial de s’assurer d’une bonne désagrégation de ces pailles pour éviter d’attirer des ravageurs (ex : limaces) sur la parcelle.
4. Rémanence des herbicides
Les risques de rémanence d’herbicide sont d’autant plus grands que des produits de la famille des sulfonylurées ont été appliqués sur la parcelle dans les mois précédant le semis du couvert. Dans la mesure du possible, il est souhaitable de changer régulièrement de famille de produits.
5. Vigueur des espèces
L’intégration dans le couvert végétal d’une ou plusieurs espèces à développement rapide permet de garantir une bonne colonisation de l’espace après le semis. Cette pratique permet aussi de réduire le salissement par des adventices parasites.
6. Taille et qualité des graines
La taille des graines est importante dans la mesure où elle influe sur le choix de la technique de semis. Si les graines sont de taille semblable, un seul passage peut s’avérer suffisant pour semer.
Au contraire, pour un mélange composé de graines de taille sensiblement différente, deux passages seront bien souvent nécessaires, à moins que :
Le matériel de semis soit équipé de plusieurs trémies,
Ou, plusieurs types d’outils soient jumelés sur le tracteur (ex : semis de grosses graines au déchaumeur à l'arrière et épandeur de petites graines à l’avant).
Par ailleurs, le choix de graines de qualité est essentiel pour accroître le taux de germination et les chances de levée.
7. L’état de la structure du sol
Quelques jours avant le semis du couvert végétal, il est recommandé de réaliser un test-bêche pour observer la structure du sol. Cette démarche permet de décider de l’opportunité d’un éventuel travail du sol avant semis et de sélectionner l’outil de préparation du sol le plus adéquat.
B. Adapter les techniques de semis aux espèces choisies
1. Techniques de semis, points-clés et points de vigilance
Les techniques de semis du couvert végétal se déclinent autour de huit catégories de matériel :
Semis à la volée dans la culture précédente,
Semis sous la coupe,
Semoir à dents,
Semoir à disques sur chaumes,
Autre type de semoir,
Semis au déchaumeur + passage de rouleau pour recouvrir,
Semis au déchaumeur sans recouvrement,
Semis à la volée + passage de rouleau pour recouvrir.
Dans le cas d’un semis à la volée dans la culture précédente, il est essentiel de réaliser l’opération à un stade adéquat, idéalement avant la « limite passage tracteur » (sauf dans le cas de l’utilisation d’un enjambeur).
Pour le semis sous la coupe, une attention particulière doit être portée sur la hauteur des pailles afin de garantir un bon contact entre la graine et le sol.
Dans les deux cas, il est indispensable d’adapter le choix des espèces (voir partie suivante) et de semer le couvert végétal dans des conditions d’humidité du sol optimales.
2. Compatibilité entre techniques de semis et espèces végétales
L’efficacité des techniques de semis varie d’une espèce végétale à l’autre. Les infographies ci-après montrent la comptabilité croisée entre les deux en fonction des cas.
Voici la situation pour les espèces à privilégier dans le couvert végétal.
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Et maintenant, voilà le panorama complet pour les autres espèces possibles pour le couvert.
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Globalement, les enseignements suivants se dégagent :
L'utilisation d'un semoir offre les meilleures garanties de réussite,
Le semis au déchaumeur avec recouvrement au rouleau offre un bon compromis temps-efficacité,
Le semis sous la coupe se montre efficace pour la seule famille des crucifères.
3. Profondeur de semis et et espèces végétales
La profondeur de semis optimale diffère d’une espèce à l’autre. Les infographies suivantes apportent des précisions pour chacune d’elles.
Voici ce qu’il en est pour les espèces à privilégier.
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Voilà le détail pour les autres espèces possibles.
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Retenez que, pour un couvert végétal diversifié, l’optimum de semis est de 2 cm. Cette profondeur peut être supérieure (2,5 à 3,5 cm) dans le cas où l’humidité du sol plus faible.
III. BIEN GÉRER LE COUVERT VÉGÉTAL EN VÉGÉTATION
Comme ont l'habitude de le dire les fervents pratiquants de l'agriculture de conservation, « les couverts végétaux doivent être suivis avec autant d'attention qu'une culture ».
En ce sens, il est important de bien accompagner la croissance du couvert végétal jusqu'à sa destruction afin d’obtenir les meilleurs résultats agronomiques. Un effort particulier peut être notamment porté sur la fertilisation et sur la stimulation du couvert.
A. Fertiliser le couvert végétal
En accord avec la réglementation en vigueur sur le territoire de la parcelle, il peut être judicieux d’apporter des effluents organiques : les espèces végétales disposeront ainsi de ressources nutritives sur leur durée de présence pour produire plus de biomasse.
À titre d’exemple, l’arrêté préfectoral en vigueur pour les zones vulnérables de Nouvelle-Aquitaine autorise l’apport d’effluents organiques de type I et II jusqu’à hauteur de 50 unités d’azote efficaces par hectare. L’apport est possible entre 15 jours avant le semis, jusqu’à 30 jours avant la destruction.
B. Stimuler le couvert végétal
Toujours dans l’idée de soutenir la croissance du couvert végétal, des produits présentant différents profils d’action peuvent aussi être épandus sur la parcelle ou sur le couvert :
Des produits désoxydants, capables de limiter le stress physiologique des espèces végétales : les macérations, la vitamine C, les microorganismes,…
Des produits qui boostent la photosynthèse : les oligoéléments, les algues,…
Des produits régulateurs de l’environnement du sol : les biochars, les basaltes paramagnétiques,… Attention, il est ici impératif de s’assurer de la qualité des produits utilisés.
IV. DÉTRUIRE LE COUVERT VÉGÉTAL EFFICACEMENT
A. Points de vigilance à prendre en compte pour la destruction du couvert végétal
Avant de procéder à la destruction du couvert végétal, il est important de prendre en compte plusieurs points de vigilance.
1. Type de sol et portance
Pour un couvert végétal avant maïs, la destruction est réalisée généralement en fin d’hiver ou en début de printemps. À cette époque, dans certaines régions, c’est une période souvent marquée par des conditions pluvieuses et une humidité du sol importante. En conséquence, une observation préalable du sol de la parcelle est vivement conseillée pour mesurer les capacités de portance : elles varient souvent d’un type de sol à l’autre et sont dépendantes aussi de la présence ou non d’équipement de drainage.
2. Humidité ou assèchement du sol
En complément du point précédent, le degré d’assèchement du sol doit être suffisant si des outils de type déchaumeurs sont utilisés pour la destruction du couvert végétal.
3. Salissement du couvert végétal
Dans le cas de couverts végétaux peu couvrants, des adventices peuvent émerger dans les espaces non occupés. Si leur développement devient important, il est recommandé de détruire plus précocement le couvert pour éviter leur montée à graines.
4. Moment de la destruction, lixiviation des éléments minéraux, efficacité agronomique, décomposition des résidus, risques de faim d’azote et pression des ravageurs
Le moment de la destruction est essentiel dans l’enchaînement couvert-culture. Une destruction précoce limite le rendement de biomasse et l’efficacité globale. En plus, les risques de lixiviation sont plus grands, notamment si des précipitations surviennent d’ici la mise en place du maïs.
À l’opposé, retarder la destruction permet d’augmenter le rendement agronomique du couvert végétal. Toutefois, une gestion (trop) tardive peut rendre la décomposition des résidus plus longue (rapport C/N plus élevé) et engendrer un phénomène de faim d’azote préjudiciable pour la culture maïs suivante. Enfin, la présence de résidus peut réduire le taux de levée et attirer des ravageurs tels que des limaces.
L’idéal reste de détruire le couvert végétal au moment de la floraison ou, au moins 30 jours à 1,5 mois avant le semis du maïs.
B. Choisir la technique de destruction la plus adaptée aux espèces choisies
1. Techniques de destruction, points de vigilance, avantages et inconvénients
D’un point de vue matériel, il existe six catégories d'outil pour détruire le couvert végétal :
Le broyeur hacheur : Il permet un gros débit de chantier, à un coût assez contenu. Il est très adapté pour les gros couverts. Par contre, il l’est moins pour les graminées.
Le broyeur : Cette technique permet un bon émiettement de la masse végétale, point favorable pour offrir un « priming effect » intéressant pour le maïs, et un choix de modèle de semoir plus large. En contrepartie, le broyage est plus coûteux et le débit de chantier plus faible.
Le rouleau lourd : Il est intéressant pour traiter rapidement beaucoup de surface. À l’opposé, c’est une technique qui engendre plus de tassement du sol. Il est donc impératif d’apprécier le degré d’humidité du sol avant d’opérer.
Le déchaumeur : Il favorise un émiettement plus fin du couvert et une minéralisation plus rapide des résidus. Le choix du modèle de semoir est aussi plus large. Par contre, c’est une technique plus coûteuse et plus impactante sur la structure du sol.
La charrue : Elle présente une grande efficace pour la destruction du couvert. En contrepartie, le débit de chantier est nettement plus réduit et le coût plus élevé. C’est aussi la technique la plus bouleversante pour le sol (inversement des polarité du sol, enfouissement profond des résidus, destruction des circuits de circulation hydrique,…).
La pulvérisation de glyphosate avec ou sans 2,4 D : C’est la technique offrant le meilleur compromis efficacité-coût-débit de chantier. Attention, c’est aussi une pratique impactante pour le sol d’un point de vue agroécologique. En effet, elle augmente la quantité de matière active dans le sol. Or les travaux de Lionel ALLETTO (INRAE) et de son équipe ont montré que la dégradation biologique est en fait très réduite. En plus, le glyphosate engendre le blocage d’oligoéléments tels que le manganèse. Enfin, les travaux de l’INRAE ont montré qu’une utilisation répétée engendre un phénomène de résistance sur le ray-grass.
2. Techniques de destruction et espèces végétales
Les infographies ci-après montrent la comptabilité croisée entre chaque technique de destruction et les différentes espèces végétales.
Voici d'abord la situation pour les espèces à privilégier dans le couvert végétal.
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Et enfin, voilà ce qu'il en est pour les autres espèces possibles.
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Pour aller plus loin sur le sujet des couverts végétaux, découvrez notre formation intitulée "Réussir ses couverts végétaux pour améliorer ses performances agroécologiques". Vous pouvez cliquer sur le bouton ci-contre pour voir le programme complet :
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Au plaisir de vous retrouver pour nos prochains articles !
A bientôt !
Raphaël de TERREOM
Liens utiles :
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Agroleague - Capitaliser sur les couverts végétaux - https://www.youtube.com/watch?v=sqIwaSj0Ql4&list=PL-rKfI2fHaAKNoSvZ6jjOO_Nyo-61wZb7&index=3&t=3116s
Revue TCS - Dossier Couverts végétaux - https://agriculture-de-conservation.com/sites/agriculture-de-conservation.com/IMG/pdf/TCS33_dossier_couverts.pdf
GIEE MAGELLAN - Semis direct, du couvert annuel…au couvert permanent https://gieemagellan.wixsite.com/magellan/guide-culture-magellan
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